C’est la maltraitance des équidés à laquelle j’ai pu assister qui m’a poussée et donnée envie de m’installer comme transporteur.
Je ne supportais pas de voir ce déchaînement de violence sur ces pauvres animaux terrorisés à l’idée de monter. Ils avaient raison d’avoir peur et de refuser d’embarquer puisqu’ils ne subissaient que coups, souffrances, hurlements et pression.
C’est ainsi que j’ai découvert que la bêtise humaine était sans borne et je ne pouvais m’empêcher d’essayer de calmer le jeu et parfois, j’avais une réponse agressive du type « embarque-le toi qui est si maline, qu’on rit un bon coup «. Et je relevais le défi à chaque fois et obtenais des résultats plutôt satisfaisant… pour moi et les chevaux ! Bien-sûr, si le cheval avait embarqué avec moi, c’était parce « qu’il était fatigué, qu’il avait compris que sinon il recevrait des coups et qu’il avait cédé… qu’il avait été mâté par les coups » mais moi j’avais compris comment les chevaux fonctionnaient à force d’observation et de réflexion.
J’ai pu observer également que les situations d’échec rendaient trop souvent les hommes violents, agressifs et impatients. Difficile d’admettre et de supporter qu’on leur résiste pour certains !
Logique et cohérence sont la base de tout. Violenter un animal apeuré va-t-il lui permettre de surmonter sa peur ? Il est évident que non.
Parfois j’entendais en arrivant à des écuries à 7h le matin une voix déjà survoltée, emplie de colère disant : « oh, il va pas monter ce matin rien que pour m’emmerder, j’ai pas le temps, j’ai d’autres trucs à faire ! »
Croyez-vous vraiment qu’un cheval, qui ne sait pas qu’il va être transporté, qu’à 7h du matin, sa première pensée va être de vouloir emmerder son propriétaire ? alors qu’il a passé 12 à 14 h dans son box sur sciure sans rien manger !!!!!
Je pourrai raconter des pages et des pages d’anecdotes de ce genre, de pensées négatives à faire des suppositions stupides et centrées sur l’humain…
Dieu merci la notion d’éthologie qui a mis des mots justes sur des comportements et des situations s’est répandue relativement vite, pas assez vite à mon goût et pas partout hélas… et je vois encore des choses abominables et de la maltraitance sur les équidés.
C’est donc tout naturellement que j’ai complété mon apprentissage empirique par des notions d’éthologie qui n’ont fait que confirmer mes acquis.
Par mon expérience, je dirai qu’il y a eu un changement radical d’attitude et très rapide chez les amateurs démunis face à leurs équidés qui ont cessé de suivre leur « maître » dans la violence et se sont tournés vers des personnes appliquant des méthodes intelligentes et non violentes pour trouver des solutions, travailler, rééduquer les chevaux, ce qui a obligé beaucoup de « maîtres » à évoluer au fil des années pour garder la clientèle et à revoir leur méthode ou à laisser les autres faire…
Je fais toujours ce métier dans le même esprit avec toujours autant, si ce n’est plus, d’amour pour les animaux qu’avant.
Un transport est loin d’être anodin, il représente beaucoup de risques pour l’animal qui le sait lui et en a conscience. Et l’on voit bien les accidents qui surviennent sont très souvent fatals pour les équidés mais aussi parfois pour les personnes.
Chaque geste pour embarquer a son importance, il y a des règles de sécurité à respecter pour l’animal et pour l’humain et ce quel que soit l’animal (pensez à Pierre Cazès, homme de cheval aguerri pourtant…). Je suis sûre que chacun de vous connaît ou a vu un cheval qui a été blessé en embarquant, il y en a pléthore…
Bien-sûr la conduite est primordiale mais l’équipement l’est tout autant ! Un équidé doit être transporté dans un équipement prévu pour les équidés et en bon état ! Les équidés voyagent très mal en bétaillère par exemple et souvent ne veulent plus embarquer après des transports en bétaillère…
Combien de chevaux ont perdu leur sabot dans des transports au plancher troué ? oui vous avez bien lu, certains transporteurs au noir ont du matériel pourri au sens propre du terme et le plancher a des trous… et immanquablement le cheval finit à un moment ou à un autre a mettre le pied dans le trou et de derrière, de loin si vous suivez en voiture, vous verrez des étincelles si le cheval est ferré. Au fur et à mesure du transport le fer s’usine et le sabot commence à être râpé… les dégâts vont dépendre de la longueur du trajet. J’ai vu une jument de courses (galopeur) arrivée dans un centre d’insémination dans l’Indre avec un moignon sanguinolant !
Combien de chevaux sont tombés et/ou se sont coincés, voire pendu pendant des transports ?
La conduite une fois le cheval embarqué est capitale. Si votre cheval à l’arrivée est suant et parfois même tremblant c’est que la conduite n’a pas été adaptée à l’animal et qu’il a voyagé totalement apeuré ayant l’impression qu’il allait tomber à tous les virages et ronds-points ou qu’il est même tombé… l’animal ne peut que subir les mouvements de la route et ne peut pas anticiper les virages, les ronds-points, les creux et bossent et encore moins les freinages intempestifs. C’est donc au transporteur d’anticiper pour éviter de secouer l’animal. L’idée est de conduire avec un verre d’eau plein et qu’il ne déborde pas et là votre animal arrivera détendu et frais ! Et il aura passé son voyage à manger son foin et à dormir.
Ce sont ces transports-là que je propose et je vous livre à l’arrivée des animaux sereins. C’est la raison pour laquelle je ne peux donner qu’une idée de l’heure approximative d’arrivée ne sachant pas quel rythme de transport il faudra à votre animal… Certains ne supportent pas les arrêts et s’énervent tant que ça ne roule pas, alors il faut minimiser les arrêts et le temps des arrêts alors que d’autres au contraire ont besoin de pause pour manger…. Ce sont des êtres vivants, différents les uns des autres auxquels il faut s’adapter…
Il m’arrivera de refuser de prendre tel ou tel animal en groupage parce que son niveau d’éducation ne lui permet pas de voyager avec d’autres chevaux en toute sécurité, pour lui-même mais aussi le cheval voisin… tout comme je ne fais pas de groupages avec les étalons.
Il faut savoir mesurer les risques et les limiter au maximum.
15 ans d’activités, jamais eu de chevaux blessés à l’embarquement, jamais eu d’accidents de la route, de chevaux qui tombent pendant le transport même ceux avec de multiples fractures…
Il m’est arrivé, il y a quelques mois, de prendre un cheval pour un groupage sans savoir qu’il s’agissait d’un jeune étalon Frison qui venait d’être castré (la propriétaire m’avait caché ces éléments). A l’embarquement lorsque je découvris qu’il s’agissait d’un jeune Frison (je n’avais pas encore découvert qu’il venait d’être castré), j’hésitais vraiment à le prendre étant donné qu’il s’agissait d’un groupage (les Frisons sont difficiles à transporter en général) et que je devais prendre une jument une heure plus tard. La propriétaire m’assurant qu’il avait déjà bien voyagé plusieurs fois, sur de longs trajets, qu’il embarquait très bien, je décidais, à tort, de lui faire confiance et j’embarquais donc ce cheval qu’elle n’a pas été capable d’embarquer elle-même… Je roulais très prudemment et très lentement en surveillant le cheval.
Au bout de 13 kms, à l’appel d’un hennissement au loin, il a sauté la barre de poitrail et s’est coincé sous la grille de séparation de tête ! C’est là que j’ai appris par la propriétaire qu’il avait déjà fait demi-tour dans un transport précédent et qu’il avait fallu le sédater. Plus d’une heure à 3 pour le décoincer. Des dégâts matériels mais le cheval était indemne.
Je proposais donc que le cheval soit sédaté pour pouvoir continuer le transport groupé sans prendre de risques (7h de route à faire) et c’est là que je découvris que le cheval avait mal supporté la sédation lors de sa castration un ou deux mois auparavant….
La vétérinaire a refusé de sédater le cheval pour la durée du voyage (les sédations sont assez risquées sur les Frisons) et je décidais donc de ne prendre aucun risque pour ce cheval ni pour celui qui devait voyager à côté. Je ramenai ce cheval à son écurie de départ et je continuai le transport sans lui…
Je vous raconte cette anecdote sur la malhonnêteté et/ou l’inconscience de cette propriétaire, qui voulait coûte que coûte un transport le meilleur marché possible en cachant les risques et les problèmes au transporteur, pour vous dire qu’avec les chevaux, il ne sert à rien de tricher. Elle était prête à mettre son cheval en danger, même si elle le pensait assez malin pour ne pas se blesser étant donné, qu’apparemment, ce n’était pour elle, je cite « qu’une connerie de poulain de plus » mais également la jument qui devait voyager avec son poulain !
En fait de « transport meilleur marché possible », elle a eu des frais vétérinaires, les dégâts du cheval à payer, et son cheval de retour à la case départ. Les frais qu’elle aura eu en sus aurait payé un transport sans groupage, dans de bonnes conditions pour son cheval !
Je ne suis pas là pour juger du niveau d’éducation d’un cheval, ni d’une situation mais pour offrir la solution de transport la plus adaptée et la plus sécurisée à votre animal pour qu’il voyage dans les conditions meilleures possibles et en toute sécurité. Je ne peux le faire qu’en connaissant la situation réelle…
EquiTaxi, entreprise spécialisée dans les transports de chevaux et animaux domestiques au niveau national et européen..